Le Combray de Marcel Proust

Reportage photographique chez la Tante Léonie

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.

Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. »

Marcel Proust

"La recherche du temps perdu (Du côté de chez Swann)"

Incipit et petite madeleine

Non, je ne vais pas me lancer dans une recopie de Proust ici, même si cela ne serait négligeable ni pour mon vocabulaire, ni pour ma syntaxe. Mais à force de voir, lire, relire cette fameuse première phrase, j’ai l’impression que tout le monde la connait, tout comme l’épisode avec la madeleine (qui n’était pas une copine de Marcel comme je l’ai longtemps cru, mais c’est une autre histoire).

Je me rends compte maintenant que cette célèbre phrase a le même pouvoir que celui de la madeleine sur l’auteur : le fait de la relire, j’ai l’odeur de la maison, les grincements de l’escalier, le tapotement de la pluie sur les vitres et l’ambiance de fou que j’ai ressenti pendant ces trois jours sur place.

Reportage dans le Combray de Marcel Proust, génèse de “La recherche…”

 

Le Combray de Marcel Proust

Chez la Tante Léonie

     Les éditions Michel Lafon m’ont contacté en 2012 pour faire un reportage photo dans la maison-musée de Tante Léonie, là où Marcel Proust à passé les vacances de son enfance, l’endroit qu’il décrit dans le début de “la recherche du temps perdu”. Devant la passion de mes guides (Edouard Boulon-Cluzel des éditions Michel Lafon et Mireille Naturel, spécialiste et gérante du lieu) j’ai regretté de ne jamais avoir lu “la recherche”.

Leurs yeux pétillaient, les mains tremblaient en touchant un peu partout comme pour ressentir une aura depuis longtemps disparue, je suis sur qu’ils ont entendu le bruit de draps que l’on froisse, le chant de la cafetière et l’odeur du café doucement passé, aperçu la lueur de la lanterne magique dans la chambre du petit Marcel et puis, surtout, deviné les pas étouffés de sa mère montant les escaliers pour venir lui souhaiter la bonne nuit.

Même si je ne comprenais pas tout ce qui troublait mes guides, je me suis imprégné autant qu’eux du charme désuet de la demeure, j’ai même cru voir quelques personnages en haut de forme et grande robe noire, attablés et en grande discussion sur les sujets du moment, de leur moment.

Le Combray de Marcel Proust

Dans l’escalier

Bien sur, cela ne reste qu’un musée. Tout semble être resté “en l’état”, comme si les occupants avaient poussé la politesse jusqu’à faire leur promenade dominicale pendant notre visite, histoire de ne pas trop nous gêner. Nous, de notre coté, avons bien pris soin de ne rien déranger, de ne pas toucher ou déplacer les choses de peur de nous faire réprimander.

Malgré le bruit de l’escalier, l’odeur du café et les marches usées, rien ne fera jamais disparaitre les coffres en verre pour protéger les reliques, les extincteurs valables jusqu’en 2016, les alarmes clignotantes, ni même la madeleine fossilisée pourtant changée régulièrement en même temps que la poignée de tilleul et l’exemplaire “unique” de Francois le Champi” (qui a la fâcheuse habitude de tomber subrepticement dans le sac des visiteurs, persuadés d’avoir là l’exemplaire adoré du petit Marcel Proust).

Le Combray de Marcel Proust

De la maison de Tante Léonie au Pré Catelan

Moi qui ne connaissait pas grand chose de Proust, je connais aujourd’hui la maison de Tante Léonie par coeur, de la cuisine au grelot, mais aussi le Pré Catelan cher à son oncle, les alentours de Combray, les aubépines en fleur et même la demeure de Swan. Et puis, forcément, je me suis fait l’intégrale de “la recherche du temps perdu” dès mon retour pour mon plus grand bonheur. Du coup, aujourd’hui, je n’ai qu’une envie : y retourner, fort de mes nouvelles connaissances proustiennes.

Le Combray de Marcel Proust

PS : Si, comme moi, vous êtes incapable de lire une phrase entière de Proust dans tomber dans les pommes (par ce que bon, faut quand même avouer qu’il faut s’accrocher, non?), je vous conseille la version en livre audio enregistrée par le sublimissime André Dussolier : un régal, mieux qu’une madeleine.

“l’arche et la colombe”

Reportage « Proustien » à Illiers-Combray dans la maison de « Tante Léonie » où Marcel Proust a passé une partie de son enfance.
Ces photos illustrent un livre aux éditions Michel Lafon pour les cent ans de « la recherche du temps perdu ».

« Marcel PROUST, l’arche et la colombe »
Auteurs: Patricia Mante-Proust et Mireille Naturel
Sortie : Octobre 2012
Editions Michel Lafon

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